C’est fait. Je me lance. Voici mon premier billet de blogue.
J’ai un boulot formidable, je l’ai déjà dit. Il me permet de rallier plusieurs de mes passions professionnelles: technologie, pédagogie, relations avec les enfants, etc. Ce travail m’amène aussi à sortir de ma zone de confort, celle où on se plait bien, où on entend le ronronnement tranquille de notre cerveau, pour m’amener dans des zones moins confortables, des zones que je connais moins bien, qui sont insécurisantes. Je veux vous parler d’une de ces zones. Il y a quelques semaines, on m’a demandé de piloter le dossier Robotique (piloter, c’est un grand mot, je dirais davantage pour le moment débroussailler) parce que nous ajouterons ce volet dans notre offre de cours l’an prochain. J’ai donc demandé l’aide de collègues (merci à France, Dani, Guillaume et Jean-Philippe du Collège Saint-Sacrement) parce que leur école possède déjà beaucoup d’expertise dans le domaine. Ils nous ont accueilli dans leur milieu pour une visite. Je dois dire que j’y allais avec une certaine réticence. Pour moi, les robots, c’était une affaire réservée à quelques initiés, des programmeux, des geeks. La robotique demandait de faire de la programmation, une bébelle aussi compliquée que l’apprentissage du mandarin pour un habitant de Saint-Isidore-du-Lin. En plus, en robotique, tu joues avec des Legos. J’ai arrêté de jouer avec des Legos à 13 ans donc ça ne faisait pas très sérieux. Dans ma tête, ça ne s’adressait surtout pas à la masse d’élèves qui circulent dans nos corridors. J’avais tout faux. Ce que j’ai vu là-bas était l’inverse de ce à quoi je m’attendais. Je suis entré dans une classe où 36 élèves, gars et filles - le sexe n’a rien à voir là-dedans, étaient affairés à solutionner un problème, un vrai. Ils devaient trouver comment faire pour amener leur robot à grimper la plus lourde charge possible sur un plan incliné. J’ai vu des élèves qui testaient leur robot, certains se questionnaient sur la façon de placer leurs engrenages sur leur création pour tirer le maximum de poids, d’autres s’arrachaient les cheveux à essayer de comprendre ce qui clochait dans leur programme et j’en ai vu qui trouvaient des solutions inusitées aux difficultés qu’ils avaient rencontrées. Tout le monde n’a pas réussi à faire fonctionner son robot. Tout le monde n’a pas réussi à faire monter de lourdes charges. Tout le monde n’a pas trouvé la seule et unique façon de tracter de façon efficace le plus de poids. Tous étaient en action. Tous étaient en mode résolution de problèmes. Tous cherchaient des solutions. Tous collaboraient pour arriver à atteindre le but. Je n’ai vu aucune équipe en train de se tourner les pouces ou regarder par la fenêtre le vol de douces colombes. Ce que j’ai vu, ce sont des élèves engagés, épanouis et qui ne faisaient pas une tâche pour l’atteinte de la note, mais qui le faisaient pour atteindre leur but. Ça, c’est la robotique que je ne connaissais pas: celle qui donne des ailes et qui met la créativité et l’esprit critique au premier plan; celle qui représente le vieil adage: cent fois sur le métier remettez votre ouvrage, parce qu’on n’atteint pas notre but en un seul coup, parce qu’on fait des erreurs et qu’on doit recommencer. C’est ce que j’ai vu ce matin-là qui m’a fait réaliser certaines choses et qui m’amène à me poser des questions:
Je terminerais ce premier billet en parlant de l’euphorie qui s’empare de nous lorsqu’on quitte notre zone de confort pour s’aventurer ailleurs, qu’on réalise qu’on n’est pas mort (comme disait mon père : «C’qui nous tue pas, nous rend plus fort»*), qu’on réalise qu’on a fait des apprentissages et que finalement, ce qui nous apparaissait aussi haut à grimper que l’Everest n’était en fait qu’une chaine de trottoir. *Mon père n’a jamais dit ça. Ce qu’il disait, c’était: «Si tu vaux pas une risée, tu vaux pas grand chose.», mais ça n’avait aucun lien avec mon texte.
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AuteurDirecteur adjoint à la pédagogie et à l'innovation technologique dans une merveilleuse école ArchivesCatégories |